Mon premier CD
C'est le tout premier album CD que je me suis acheté. Le même jour, je faisais l'acquisition d'un lecteur CD. C'était à Paris, en 1986. J'habitais un petit studio de 12m2 de la rue de l'Ourcq dans le 19ème arrondissement. Juste en face du bureau de Poste. Je bossais dans le quartier de l'Opéra, juste en face des grands magasins.
J'ai habité ensuite rue d'Aubervilliers, derrière la gare de l'Est entre la station Crimée et Stalingrad.
Puis, j'ai déménagé pour la banlieue. Les Yvelines où j'ai changé deux fois de logements.
Avant de quitter définitivement la région parisienne, j'ai résidé dans l'Essonne.
Je ne compte plus les déménagements. Ca ne m'effraie pas de lever l'ancre pour d'autres horizons. J'ai de l'entraînement depuis toute petite. J'ai été trimballée de droite à gauche, dans la famille. Tantôt chez mes grands-parents maternels, tantôt chez une grand-tante. Chez des cousins, chez des cousins de cousins. Avec quelques escales chez mes parents, juste avant la naissance de mon frère. Escale écourtée par le décès de mon père, six ans plus tard.
J'ai semé mes affaires en cours de route. Quelquefois, je suis partie en catastrophe.
J'ai perdu de vue des amis d'enfance. J'ai connu de gros chagrins dus aux séparations forcées.
Petit à petit, je me suis construit une carapace. Je me suis mise à m'attacher à des objets pour m'éviter de m'attacher affectivement aux gens. Par peur de les perdre et d'avoir à en souffrir.
J'ai accumulé des "doudous", des objets qui me servent de répères, qui comblent le vide des absences imposées. Les posséder, les voir, les toucher m'apaisent. M'en séparer est impossible à cause des souvenirs qui y sont rattachés.
Parce que lorsqu'on se retrouve à 28 ans, orphelin de père et de mère, sans autre famille, sans enfant, rien ne compte plus que les souvenirs. Ceux de nos racines, de notre histoire originelle. Ca permet de ne pas se perdre et de ne pas se sentir infiniment seul.
J'ai encore ce premier album CD que j'écoute toujours avec le même plaisir. Je l'ai soigneusement rangé dans un carton avec d'autres albums. Je ne suis pas prête à m'en séparer.
En revanche, quand quelqu'un sort de ma vie à la suite d'un divorce ou d'une grave dispute sans réconciliation possible, j'efface toute trace de son passage dans ma vie. Les objets qui me rattachent à la personne sont jetés. Sans remords.