Les ombres de l'aube
Un rond jaune lumineux et aveuglant apparaît sur la ligne d'horizon. L'astre solaire commence l'ascension vers son zénith. La journée promet d'être chaude. Le décor de la savane s'anime. En ombres chinoises se découpent les silhouettes des arbres et celles mouvantes des animaux migrateurs. Un voile de poussière ocre s'élève du sol aride piétiné par les sabots. Les ombres se rapprochent, grandissent, se précisent. Des taches de couleur, des zébrures se font plus distinctes.
De l'autre côté de l'équateur, dans notre pays d'origine, il est cinq heures trente. Le jour se lève aussi. On y assiste à une autre migration. Celle des travailleurs qui prennent le chemin du bureau, de l'usine. Celui du flot de voitures qui forme un serpentin sur le ruban d'asphalte étouffé par un brouillard de pollution. Les quais de gare, de métro et de tramway s'assombrissent de silhouettes ratatinées qui se protègent des premiers frimas. En y pensant subitement et en faisant le parallèle, j'apprécie encore plus intensément le spectacle que m'offrent les ombres de l'aube en terre kényane. Je savoure ma chance, le bonheur d'être là. Le plaisir d'accompagner du regard les animaux sauvages qui migrent vers les plaines herbeuses, un point d'eau désaltérant. Dans un silence religieux, un état extatique.
Et pour parfaire le tableau...
L'imposant Kilimandjaro, du haut de ses 5892 mètres, émerge de la nappe nuageuse.
Photos réalisées dans le parc d'Amboseli - Kenya