Cheese, cerise, ouistiti
Tels sont les mots que les gens se croient obligés de prononcer systématiquement pour paraître photogéniques sur les photos de mariage, de groupe, de portrait. Il y a même à présent une catégorie d'APN qui détecte les sourires et qui active le déclencheur. On n'arrête pas le progrès ! Mais il n'empêche qu'il y a encore des sourires forcés, tartes... qui donnent un air quiche. Il ne suffit pas de sourire bêtement devant un objectif pour paraître beau et charismatique. Même le plus doué des photographes, le plus performant logiciel de retouche d'images n'y pourront rien. Il y aura toujours des ratés. Des déçus qui se lamenteront en voyant leurs tronches et qui demanderont supplieront que les clichés soient détruits sur le champ. Comme il y a des photographes moqueurs et rosses qui prendront un malin plaisir à faire circuler LA photo compromettante. Personne n'y échappe. Je suis certaine que, tout comme moi, vous avez connu ça. Je ne compte plus le nombre de photos où on s'est moqué de ma vilaine dentition, de ma moue pour la cacher, de mon regard de veau. De mon embonpoint, dernièrement. Ces vilaines photos existent encore. Je n'en suis plus chagrinée comme j'ai pu l'être beaucoup plus jeune quand le jeu de séduction était quasi vital à l'adolescence. Dorénavant j'en ris, je montre ces photos sans honte, sans crainte. Avec beaucoup d'autodérision. Le ridicule ne tue pas et ça coupe l'herbe sous le pied des mauvais plaisantins.
Par contre, je sais plus que quiconque qu'on peut être blessé par l'exposition de photos personnelles, c'est pourquoi je respecte scrupuleusement le droit d'image de chacun et je ne me gausse pas devant des clichés ratés. Surtout pas quand je sais la personne fragilisée et mal dans sa peau.
Je vais néanmoins faire une entorse à mon règlement et me permettre cette petite mesquinerie...
Cheese, cerise, ouistiti !
Ces deux poulains qui posaient comme deux touristes heureux devant mon objectif, ne me feront pas de procès et continueront à venir me saluer quand je passerai devant leur enclos. Sans rancune. Qu'on ne s'étonne pas si mes modèles de prédilection sont dorénavant la faune et la flore. Avec eux, pas de blem' ! Et que du bonheur à les photographier.