Là-bas, au bout de nos rêves.
On a tous des rêves et le plus grand de tous, c'est celui de pouvoir les réaliser. Papouf et moi, nous avons en commun celui de visiter des contrées lointaines, de rencontrer des gens d'autres horizons, de découvrir le patrimoine culturel et historique d'un pays, de nous gaver les yeux de paysages féériques, de revenir riches d'expériences fabuleuses et de souvenirs inoubliables.
Je me souviens que lorsque nous avons commencé à voyager, nous avons entendu de la part de K. et W. ce genre de sarcasme "Eh ben, vous avez gagné au Loto, vous !". Ce qui laissait présager que nous ne partagerions pas nos souvenirs de vacances avec eux. Pas plus que nous les ennuierions avec nos albums photos à notre retour.
Personnellement, je n'ai jamais éprouvé de jalousie ni de lassitude face à des personnes relatant leurs multiples voyages. Bien au contraire, pendue à leurs lèvres, je ne demande qu'à les écouter me parler de leurs périples. Curieuse des moeurs et coutumes, je les questionne. Je suis toujours fascinée par leur récit d'aventures au travers duquel mon esprit se met à voyager aussi. Comme un enfant quand on lui narre des histoires extraordinaires, des contes et légendes d'ailleurs.
C'est ainsi qu'hier soir, par exemple, je suis restée scotchée à mon écran TV, captivée par l'aventure de Marianne James chez les Bajaus, peuple de pêcheurs qui vit sur pilotis au milieu de l'océan, dans l'archipel des Banggai en Indonésie. J'ai ri, applaudi. Pleuré aussi, beaucoup, submergée par l'émotion. Je suis allée ensuite me coucher avec des couchers de soleil, des fonds marins, des visages souriants que je ne connais pas et qui pourtant me paraissaient subitement familiers. Une toile de fond pour mes songes endormis.
C'est pour ça également que j'ai souhaité à une collègue, lors de son départ à la retraite, de nombreux et heureux voyages qu'elle a pour habitude de faire au volant d'un camping-car avec son mari d'origine grecque rencontré dans les Cyclades. Que je lui ai dit de ne pas oublier de venir raconter ses échappées lointaines à ceux qui restent bloqués par leurs obligations afin qu'ils s'évadent de leur quotidien. Lors de son pot de départ, j'ai longtemps interrogé un autre collègue fraîchement retraité qui revenait de Thaïlande.
C'est avec un réel plaisir que j'ai lu le journal de bord agrémenté de splendides photos du couple d'amis, Nelly et Cédric, parti trois semaines au Pérou. Que j'ai recueilli leurs impressions, différentes de l'un à l'autre. Que je leur souhaite de repartir vers d'autres continents, de remplir leurs boîtes à souvenirs et de nous les faire partager encore.
C'est pour cette raison sans doute que je lis les blogs de quelques expatriés. Ce ne sont pas de simples touristes. Ce sont des personnes qui s'ancrent dans un pays pour une période plus ou moins longue, qui font part de leurs expériences au quotidien. De la facilité ou difficulté d'intégration. Leurs propos relatent surtout l'aventure humaine qu'ils vivent.
Raconter ce que l'on a vu, mangé, c'est poursuivre le voyage une fois revenu. C'est partager une expérience, donner aux autres l'envie de partir aussi et de découvrir d'autres choses. C'est contaminer, véhiculer le virus de la bourlingue à qui veut voyager mais n'a jamais osé franchir les frontières de l'inconnu.
Voyager a effectivement un coût mais les compagnies low cost et certains voyagistes permettent de le faire sans trop se ruiner. Voyager n'est plus réservé à une catégorie de nantis. Le tourisme s'est beaucoup démocratisé. Certains séjours, circuits et destinations à l'étranger coûtent même moins cher qu'une location en plein mois d'août sur la Côte d'Azur ! De larges réductions sont accordées pour les familles en version "club". A certaines dates, on peut même bénéficier du tarif "2 pour 1".
Il existe, pour les plus aventuriers et moins attachés au confort, la version "routard" avec sac-à-dos et débrouillardise. Il faut alors préparer soi-même le voyage en s'aidant de guides touristiques et de brochures de voyagistes comme support. J'en connais beaucoup qui économisent ainsi les frais de tous les intermédiaires mais il faut savoir organiser un voyage de A à Z pour éviter certains désagréments sur place.
Quelques aigris nous diront toujours que nous sommes des privilégiés, que bon nombre de personnes n'a même pas les moyens de se payer un billet de train. Devrions-nous alors renoncer à voyager par ... solidarité ? Devrions-nous culpabiliser d'avoir fait le choix de ne pas changer de voiture, de ne pas être étranglés par le remboursement d'un prêt foncier, de pas avoir investi dans la décoration intérieure, de ne pas posséder le dernier matériel LED/HDMI/BlueRay/Ipod etc ? Devrions-nous culpabiliser de n'être que deux, sans autre bouche à nourrir ?
A chacun sa peine de gagner son salaire, à chacun sa façon de dépenser ses euros. A chacun ses priorités, à chacun ses rêves. Voir du pays est celui qui nous tient le plus à coeur. Quant à gagner au Loto ou autre jeu d'argent, encore faudrait-il qu'on y joue ! L'argent des paris économisés va dans l'escarcelle du budget "voyages". Tout comme celui de mes paquets de cigarettes que je n'achète plus depuis bientôt sept ans. Tout comme celui de l'essence que ma voiture ne consomme plus depuis que je suis abonnée aux transports en commun.
Et quand la tirelire sera pleine.... on ira là-bas, au bout de nos rêves.