Und Ich frage mich ....warum ?!
Eh oui, je me demande ... pourquoi ?!
Je ne suis peut être pas une pro du ménage, il n'empêche que j'aère mon intérieur le plus possible en ouvrant les fenêtres dès que la météo le permet. Et dans le Sud, une chose est certaine.... on peut le faire plus fréquemment qu'à Paris. Un rai de soleil et un coup d'air frais... rien de tel pour éviter les odeurs de renfermé.
Mais .... pourquoi ??!! Pourquoi le jour où j'ouvre toutes les fenêtres ... y a un pollueur dans le quartier ? Un mec qui laisse tourner le moteur de sa voiture. Bientôt les gaz d'échappement envahissent toute la maisonnée. L'air y devient irrespirable. Mes pochettes en mousseline avec micro-billes imprégnées d'huiles essentielles se révèlent totalement inefficaces dans ces cas-là ! Je suis prise d'une quinte de toux, j'ai les yeux qui piquent ...et la moutarde me monte au nez ! Je referme prestement les fenêtres en les claquant pour manifester mon mécontentement. Ca ne sert absolument à rien d'autre que de me défouler sur les pauvres encadrements. Le mec que j'aperçois en train de dormir dans sa voiture, juste sous mes fenêtres, tête renversée en arrière et bouche grande ouverte... il s'en fiche royalement de savoir que mon odorat est incommodé et mes poumons asphyxiés. Ce brave commercial, il dort pendant sa pause repas ... avec le chauffage et pour ça, il laisse le moteur diesel tourner. Que ça empeste chez moi après, c'est le cadet de ses soucis. Visiblement, l'important c'est son confort personnel pendant sa petite ronflette digestive.
Comme j'ai un fichu caractère et que je ne me laisse pas empistrouiller, qu'est-ce que je fais ? Eh bien, je sors comme une furie avec mes pantoufles encore aux pieds, les manches relevées, le torse bombé, les poings serrés, les babines retroussées, la bave aux commissures des lèvres ... je vais toquer à sa portière. Une fois .... deux fois .... FORT .... TRES FORT.... je m'apprête à lui causer du pays...et là ... le dormeur s'éveille...
Je me demande encore pourquoi ... oui, pourquoi... on peut perdre soudain tous ses moyens. Comme ça. En une microseconde. La colère redescend aussi vite qu'elle était montée. Tout le beau discours qu'on voulait débiter ne devient qu'un cafouillis, un horrible et gênant borborygme. Je me sens subitement tarte. Encore plus quand j'entrevois mon reflet dans la vitre de la portière. Ne manquent plus que le tablier, les gants Mapa et le rouleau à pâtisserie pour compléter le tableau de la mé(na)gère.
Je reste bouche bée. On dirait une carpe sortie de l'eau au bord de l'asphyxie. Avec des yeux de merlan frit. Restons dans la comparaison... piscicole !
Crotte ! Voila que la vitre électrique descend....
- Oui ?!
- Euh ....Hééééééééé (et là je m'imagine ... avec des yeux de veau qui va à l'abattoir)
- Oui ?! Vous voulez ?!
- Y a que...euh ...c'est-à-dire...
Et là, au pied du mur... Bousculée par le ton un brin agacé... ça sort en jet...mécaniquement... en rafale de mitraillette...en apnée.
- Voila, j'habite là. Les fenêtres là juste au-dessus, vous voyez. Ca pue chez moi à cause de vos gaz d'échappement. Alors ça serait bien que vous alliez poursuivre votre sieste sur un parking plus éloigné ou que vous coupiez le moteur, s'il vous plait. Mais là, comme ça c'est pas possible. Vous polluez. Ca me gêne. Je dois pas être la seule que ça enquiquine. La seule à râler, c'est certain, mais bon faut me comprendre aussi. Vous aimeriez vous faire enfumer par un diesel et cracher vos poumons ? Nan mais j'ai pas besoin de ça. Vous voyez les boursouflures là sur mon visage ? Ce sont les marques d'allergie à un masque. Le masque d'un appareil qui me permet de respirer correctement. Parce que j'ai un problème pulmonaire. Alors si vous venez m'encrasser la tuyauterie, à quoi bon que je joue à Top Gun avec mon masque et mon respirateur ?! Que je me shoote à la cortisone ?! Mmmmh ?!
Mais pourquoi ... pourquoi ... faut-il que je sois tombée nez à nez avec une véritable gravure de mode, un mec beau à en tomber par terre ... que tu te pinces pour être sûre de ne pas rêver !!! Pourquoi ce regard, celui de deux agates vertes pailletées d'or, me déstabilise ... me crétinise ?!
Et cette voix envoûtante qui me dit avec un sourire diablement enjoleur :
- Je suis désolé. Je ne me suis pas vraiment rendu compte que ça pouvait vous déranger. Mais je comprends, je suis moi-même asthmatique. Je ne suis pas d'ici ...Vous me conseilleriez d'aller dormir où ?
Là, comme plongée dans un rêve éveillé... J'entends une foule de petites voix intérieures qui caquettent entre mes deux oreilles. Je me retiens de ne pas répéter leurs grivoiseries.... Si j'étais célibataire et si j'avais 20 ans de moins ...
J'aurais pu aussi aiguiller sa route jusqu'à une copine qui en a ras-le-bol du célibat ...
J'ai répondu platement :
- Un peu plus loin vous avez un grand parking. Soit celui des restaurants, soit celui de la fac. Sous les arbres... vous serez bien.
Je me demande pourquoi ... je suis restée plantée là sur le trottoir à le regarder redémarrer et partir et ... à me prendre dans les naseaux une dernière grande bouffée de gaz d'échappement ! Quelle truffe !