Monte-en-lair
Faites comme si je n'étais pas là ! Mais au fait ...suis-je vraiment là ? Ah ben non, d'où le monte-en-l'air !
Sur les réseaux sociaux, on étale ce qu'on fait au jour le jour, ce qu'on possède. Ce qu'on a reçu à Noël ou pour son anniversaire. La nouvelle voiture qu'on vient de s'acheter. Les belles fleurs qui poussent dans le jardin ou sur le balcon. On met même les photos, on est tellement content et fier de montrer ses meubles, sa maison, sa piscine et toussa. On raconte ce qui se passe dans sa ville, son quartier, sa rue. De l'arrêt de bus en dessous des fenêtres, de la boulangerie d'en face, du troquet à droite, de la flèche du clocher au gauche. Du portail vert pomme, du pot de chambre recyclé en jardinière, de Bambi et Blanche Neige en résine le long de l'allée qui mène au garage, de la sonnette qui ne fonctionne pas, de la guirlande électrique de Noël qu'on a laissée pendouiller au chéneau, du baobab foudroyé. On parle de son boulot, de ses horaires de travail, des transports en commun que l'on prend. Des enfants qu'on conduit au cours de danse le mercredi, des courses qu'on fait le mardi, de la séance cinéma du vendredi, de l'entraînement de judo le lundi soir. Des animaux qui cohabitent avec nous. Les petits, les gros, les gentils, les méchants. On lâche un prénom, puis bientôt tous ceux de la famille. Autant de détails qui peuvent être exploités par des personnes mal intentionnées. Ce n'est pas très compliqué de faire des recoupements, des déductions. Ca fait l'affaire des nouveaux voyous qui se servent de tous les outils à leur disposition, les coordonnées GPS et les satellites pour leur dernier repérage. En quelques clics de souris, ils ont une vue aérienne des voies d'accès, de la disposition des maisons. On voit même la voiture orange avec un damier sur le toit garée devant la véranda avec des rideaux prune.
Ce n'est pas faute de répéter que pour vivre heureux, il est préconisé de vivre discrètement. D'en déballer le moins possible en place publique. Le summum de l'insouciance, c'est d'annoncer tout haut qu'on part en vacances, de dire où on va et pendant combien de temps. De publier les photos depuis sa villégiature. Pendant qu'on y est, autant laisser la clé sous le premier pot de géraniums ou le paillasson. Voire carrèment sur la porte d'entrée.
La parade contre les monte-en-l'air serait donc déjà de se taire. Et de meubler son absence avec un cerbère.
A toutes fins utiles.... au cas où les visiteurs d'un couple de voisins auraient dans l'idée de se prendre pour des huissiers d'injustice sociale en pratiquant une saisie mobilière sauvage... On est là ! Même les figues sont sous haute surveillance, cette année.
PS : toute description qui pourrait correspondre à des habitations existantes (dont quelques unes où aurait sévi la déco...nneuse en salopette) serait purement fortuite.