Le cagnard déchaîné
Ca tape, ça chauffe, ça brûle. Les grands parasols éclosent telles des fleurs géantes aux pétales multicolores et baleinés. Les cuisses qui paradent sous les jupes courtes ou dans les shorts moulants, cuisent au contact de l'assise brûlante des chaises laissées sous le soleil.
On sort à l'aube, le nez en l'air à scruter le ciel d'un bleu uni où seule la silhouette du croissant de lune prend l'aspect d'un demi-cercle blanc nuageux. On s'attarde au crépuscule, les oreilles aux aguets à la moindre menace d'attaque aérienne des escradilles de moustiques.
Le freezer est rempli de bacs à glaçons qui tinteront dans les verres servis aux terrasses des jardins privés d'où s'échappent des colonnes de fumées sentant la merguez ou la sardine grillée sur les braises.
Au fil de la journée et des rencontres, les nez délicats sont chatouillés par les senteurs de gel douche et de déodorant, les odeurs âcres de choucroute macérée sous les aisselles, la puanteur de pieds fermentés et des sous-vêtements mouillés-souillés, le parfum des crèmes solaires mêlé à celui du sable chaud et des flots iodés, les effluves de citronnelle dissuasives et protectrices.
Les maisons ont les volets clos sur la fraîcheur emmagasinée dans la nuit et emprisonnée dès que les premiers rayons de l'astre solaire pointent derrière la ligne d'horizon orientale. On se claquemure pour se préserver de la suffocation et de la flétrissure comme des fruits enfermés dans le bac d'un frigo.
Juste avant l'apéro du soir, c'est la valse des arrosoirs, la cueillette des fruits mûrs et des légumes qui feront notre dîner.
Une vie estivale qui tourne au ralenti comme, en une autre saison, les heures de l'hibernation.
Chez moi, pas de climatisation. Pour éviter que la chaleur se réinstalle dans mes murs intérieurs, moins voire pas d'ordinateur qui en dégage ! Je me demande (non sans ironie) si c'est pour cette même raison que les autres blogs sont désertés en été.