Liens étroits et solides
Bien avant que TatyDany écrive ces lignes en commentaire...
"J'ai vu dernièrememt un documentaire sur les éléphants; étonnant et émouvant. Et puisque c'est le temps des cimetières, voici. Une maman éléphant essaie en vain de ranimer son petit éléphanteau. Elle le tire par une patte, puis l'autre, par la trompe, le soulève à trompe(bras)-le-corps, le repose, recommence tandis que le troupeau s'éloigne. Elle ne se résigne pas à abandonner son petit, mort, hélas. A un certain moment, le chef du troupeau la jugeant en danger, parce qu'isolée, lui envoie un jeune mâle pour la faire revenir. Elle comprend que son petit est mort, qu'il n'y a plus rien à faire, qu'elle doit faire son deuil et reprendre sa vie sociale au sein de la horde. Elle suit, consentante, résignée."
J'envisageais de vous parler de cette société matriarcale dans laquelle vivent les éléphants et où règne une grande solidarité.
Les mâles sont connus pour leur tempérament indépendant et ont tendance à vivre en solitaire, en dehors des groupes composés de femelles et de jeunes. Chaque troupeau compte une dizaine d'éléphantes et de jeunes éléphanteaux. A leur maturité sexuelle (12 ans environ), les jeunes mâles quittent le troupeau. Il n'y a pas de chef. C'est une femelle qui dirige chaque groupe. On l'appelle "la matriarche". Elle est souvent âgée d'une cinquantaine d'années. On la reconnait aisément, c'est la plus imposante. C'est la plus âgée, la plus influente. Elle joue un rôle prépondérant dans le groupe. Quand celui-ci se trouve confronté à un danger, elle se fait menaçante et peut aller jusqu'à charger.
Chaque éléphanteau est un véritable enfant gâté par toute la troupe de femelles. Malgré toutes les précautions prises pour protéger les très jeunes éléphants, la mortalité est importante.
Dans Amboseli, nous avons assisté à une scène particulièrement émouvante, à quelques mètres de notre véhicule. Une femelle tentait de remettre debout un éléphanteau de quelques semaines, épuisé sans doute d'une longue marche. Tout le groupe est venu immédiatement auprès du petit en difficulté afin de le protéger d'un éventuel prédateur ainsi que des rayons du soleil en lui faisant de l'ombre.
J'ai surpris notre chauffeur-guide Daniel murmurer la prière que chacun de nous faisait intérieurement devant la scène tragique : "Lève-toi petit ! Lève-toi !"
La matriarche s'est approchée à son tour. Au bout de longues minutes, l'une des femelles est parvenue à redresser l'éléphanteau avec sa patte et sa trompe. Celui-ci se tenait certes sur ses pattes, mais pour combien de temps ? Aurait-il la force d'atteindre l'étendue d'eau pour se réhydrater ? Nous en doutions en voyant son petit corps trembler, vaciller. Nous sommes partis à regret, laissant la solidarité des éléphantes faire le nécessaire pour sauver le petit mal en point. Mais dans nos têtes résonnait une autre prière "Bats-toi ! Reste en vie !"
Nous en avons reparlé le soir entre nous au lodge, encore bouleversés par ce que nous avions vu. Nous avons choisi de croire en la bonne issue de cette scène de la savane. Nous étions, en tous les cas, conscients d'être riches d'une merveilleuse leçon de vie, de solidarité... dont les Hommes feraient bien de s'inspirer.
Et moi, ce soir, en mettant ces photos en ligne, j'ai pleuré comme une madeleine... submergée par l'émotion de ce souvenir. Devant le symbole et la valeur de ces liens étroits et solides. Qu'ils soient familiaux, amicaux ou autres...