Etat de grâce
La veille, j'avais tout raté en pestant contre mon appareil, mes yeux, mes mains, le vent. Cela faisait un trop long moment (dix jours ?!!) que je n'avais pas touché un seul appareil photo. J'étais trop nerveuse, trop en attente de résultats. La boulimie de vie est néfaste après une anorexie de liberté.
Dimanche soir, alors que j'avais l'esprit plus serein et que j'étais en train de photographier ce papillon, un cycliste s'est arrêté pour m'observer. Un sourire affiché aux lèvres. Photographe animalier pratiquant l'affût flottant dans les salins, il était surpris du choix d'une partie de mon matériel pour faire de la macro. Nous avons échangé nos avis, j'ai écouté ses conseils que je mettrai prochainement en pratique (rajout d'une bague allonge au lieu du multiplicateur 1.4). Je suis toujours partante pour expérimenter différents modes de prise de vue. Je n'aime pas les règles figées, les "faut faire comme ça et pas autrement parce que c'est ainsi". Mon âme de rebelle s'y oppose. Dans beaucoup de domaines.
Je retournerai dans les salins pour faire mes éternels essais à des fins de comparaison. Ne cherchant pas à cocher toutes les cases prédéfinies des critères recommandés. Suspendre la respiration, dénicher dans la végétation ce qu'un autre oeil ne percevrait pas, observer, faire le plein d'émotions diverses m'est beaucoup plus important. Je dois pourtant bien admettre que c'est frustrant de ne pas revenir avec le résultat escompté quand on s'est vautré dans la poussière, piqué avec les chardons et orties, mangé des moucherons, fait agresser par une horde de moustiques affamés. Sans compter l'envie pressante qu'on a du mal à contenir jusqu'au retour à la maison.