Fenêtres sur rue
Dans un pays où le ciel est souvent bas, les habitants éprouvent le besoin de faire rentrer un maximum de lumière chez eux. C'est une des raisons pour lesquelles, les fenêtres des habitations sont souvent larges et hautes, sans rideau la plupart du temps. Quand j'ai ouvert la porte de la salle de bains de notre hôtel à Amsterdam, j'ai été surprise de voir que les toilettes et la baignoire faisaient face à une baie vitrée et terrasse avec vue directe sur des bureaux. Après tout, dans les immeubles modernes, les vitres aux effets de miroir sont courants et protègent des regards curieux. C'est donc tout naturellement que j'ai fait pipi sans craindre qu'on me voie sur le trône. Imaginez ma tête cramoisie de honte lorsque mon mari a demandé à l'accueil de l'hôtel si on pouvait voir de l'extérieur et qu'on lui a répondu par l'affirmative ! Triple buse de cambuse exhibitionniste qui n'avait pas tiré le store occultant !
Au fil de nos promenades dans les rues des grandes villes et villages, nous avons remarqué qu'on distinguait absolument tout de l'intérieur des maisons et appartements. La décoration est d'ailleurs soignée, digne des plus grands magazines traitant de ce domaine avec de nombreuses photographies bien léchées. Le soir, on voit les gens regarder la télévision, dîner comme si nous étions dans leur salon. Nous avons lu dans notre guide touristique que "la tradition calviniste veut que l'on ait rien à cacher si l'on mène une vie droite et ordonnée. Ainsi que cette autre explication : le besoin de montrer que grâce au travail, on peut se payer un intérieur bourgeoisement confortable. Eh bien, voila qui doit faire le beurre des installateurs de système d'alarme ou des cambrioleurs. Cela va à l'encontre du sacro-saint "pour vivre heureux, vivons cachés". Non mais.... décidément , ils mettent tout en vitrine dans ce pays ?! me suis-je demandé avant de me rappeler que, chez moi, il n'y a pas de rideaux aux fenêtres non plus. Ce sont des nids à acariens que je redoute davantage que les éventuels indiscrets. A moins que ces derniers n'utilisent des drones....
J'ai choisi de photographier des fenêtres sur rue qui portaient des rideaux brise-bise. Ma seule indiscrétion fut de remarquer des bas noirs sur un séchoir à l'étage d'une maison de Volendam.
Quant à ces fenêtres sans rideau, elles ne dévoilent guère plus que le reflet des arbres et du ciel sur leurs vitres.