Des embruns dans les yeux
A chaque fois, ce sont des embruns qui piquent les yeux avant le déferlement d'un tsunami émotionnel. Ce matin, dès le réveil, les yeux d'Emma versaient des larmes. La scène se répète après chaque séjour passé chez nous. La fillette ne voulait pas repartir et essayait de négocier une nuitée de plus. Il faut alors trouver les mots réconfortants sans qu'il soit question de chantage affectif. Juste une promesse de se revoir bientôt afin de partager à nouveau des minutes et heures heureuses. Pour que la séparation soit moins douloureuse, on évite les grandes effusions. Un signe de la main, un baiser déposé sur la tempe, une tendre parole soufflée à l'oreille suffisent à nous quitter doucement. Je n'ai pas regardé la voiture s'éloigner. Je suis rentrée à la maison m'affairer au ménage. Histoire de ne pas me focaliser sur le silence subit de la maisonnée, de ne pas m'apesantir sur les émotions négatives. Je trouve préférable d'aller de l'avant avec un plein de souvenirs tout frais. Comme celui de mon mari, détenteur du permis de naviguer depuis un an, heureux et fier comme un pape d'emmener sa petite famille en balade sur les flots. Et celui du sourire d'Emma comblée par les activités que nous avions programmées.