Planche de salut
Si longtemps j'ai refusé d'aller à la piscine en raison d'une sévère aquaphobie transmise par ma mère flippée et "consorts", je passe aujourd'hui huit à dix heures par semaine dans l'eau chlorée des bassins. Enfant, ma peur panique était telle qu'il avait fallu me dispenser de tout sport nautique. Je ne supportais pas qu'on chahute en me balançant de l'eau. Pas même quelques gouttelettes. Je suffoquais, en proie à une crise quasi hystérique. Durant l'été 1977, six mois après le décès de mon père qui m'avait traitée de "mongolienne qui lui faisait honte" parce que je claquais des dents sur un bord de piscine et que je refusais obstinément de sauter à la baille, j'ai appris à nager seule en bord de mer. Ce fut une première victoire. Il ne subsistait plus que la crainte de mettre la tête complètement sous l'eau. C'est en mai 2013 et dans les eaux limpides des Seychelles que j'ai franchi ce dernier cap. Si je ne le faisais pas là-bas avec toutes les meilleures conditions possibles et réunies, jamais je ne pourrais le faire ailleurs. En prendre pleinement conscience a fini de me décider. Il aura fallu toute la patience de mon mari plongeur pour faire céder les derniers remparts de la peur qui m'emmurait. L'eau est un élément dans lequel j'évolue dorénavant avec davantage d'assurance. Ce qui est étonnant c'est que je prends plaisir à nager, que j'éprouve un réel manque quand je ne peux pas me rendre à mes cours d'aqua...tonic/boxing/body/bike, quand je suis privée de mes longueurs de bassin. C'est devenu une drogue qui a remplacé mon addiction au chocolat noir. J'y ai gagné en bien-être grâce à la sécrétion d'endomorphines. Ma silhouette a changé, elle s'affine. Ça se remarque, on me le dit. Ça contribue à me rendre heureuse, à me stimuler. C'est la meilleure prescription médicale pour réguler quelques-uns de mes problèmes de santé. Sur ce point, l'avis des spécialistes est unanime. Je suis fermement cramponnée à cette planche de salut.