Tenir le cap
Il y a deux ans, je faisais ce voyage qui se révéla comme initiatique. J'en suis revenue transformée. Je pressentais avant mon départ pour la savane africaine que quelque chose allait se passer. Ce que j'ai vécu sur place était bien au-delà de ce à quoi je m'attendais. Ce que j'ai vu, observé, photographié dans ce pays qui m'attirait depuis l'enfance est désormais ancré au plus profond de moi. Un souvenir indélébile. Une passion encrée dans mon carnet de voyage comme un tatouage. Aujourd'hui, l'émotion demeure intacte. Deux ans après, lorsque j'évoque certaines scènes, j'en parle avec des trémolos dans la voix, avec des larmes qui ne tardent jamais à poindre. Une envie d'y retourner, de partir à la découverte de ce que j'ai forcément loupé.
C'est ce qui s'est passé samedi dernier quand j'ai parlé de ma première rencontre crépusculaire avec ce guépard qui, désormais, sera ma bannière. Comme pour vous avertir que vous entrez ici en territoire sauvage. Pas hostile pour autant. Un espace où le mot survie a réellement un sens. Tout autant que le titre de ce blog qui est un hymne à la vie, aux objectifs que l'on se donne pour continuer l'aventure. Coûte que coûte, plus loin, encore, au-delà de ses propres limites. De celles que les autres ou l'état de santé nous imposent parfois. Pas seulement une vitrine à belles images qui ferait pousser des Oh et des Ah. Je sais et je comprends que beaucoup peuvent s'en lasser. Moi-même, j'ai fini par ne plus être autant attentive à des passions que je ne partage pas ou plus avec d'autres blogueurs. Une passion ne se transmet pas toujours. Il n'y a pas lieu d'insister, de prendre ombrage du peu d'intérêt porté à celle qui nous anime. Le plus important est qu'elle continue de nous faire palpiter, de nous donner faim et soif d'en apprendre davantage. Bien sûr, c'est toujours touchant et valorisant de contaminer d'autres personnes à sa passion. On a l'impression d'avoir su piquer la curiosité, passer un message, partager tout bonnement. Quand cela arrive - et c'est arrivé une ou deux fois - j'ai retrouvé cette sensation de coureuse de relais, au moment délicat où l'on passe le témoin. Le sentiment d'avoir accompli ce que je devais faire pour qu'un coéquipier puisse franchir la ligne, arriver au b(o)ut.
J'ai retrouvé, à la lecture des blogs de quelques-uns d'entre vous, la force de la passion. Je me nourris avec plaisir de votre propre plaisir. Je n'ai dorénavant de l'appétence que pour les blogs tenus par les jouisseurs de la vie. Sans tambour ni trompette. Sans narcisse en ombre chinoise. Je ne leur tourne pas le dos quand il leur arrive d'être au creux de la vague. Je n'aspire qu'à assister à leur remontée en surface. Je pense d'ailleurs que leur passion les y aidera beaucoup mieux que n'importe quel sempiternel bon conseilleur.
C'est ainsi que des photographies m'incitent à vouloir apprendre et progresser. Les récits d'Odyssée me contaminent au goût de l'aventure et de la liberté. Contre toute attente, des extraits musicaux charment mon oreille défaillante et peu musicale. Une galerie de toiles légendée avec brio me donnent l'envie de mieux connaitre la peinture. Des mots réfléchis m'invitent au questionnement et m'aident à poser mes propres mots/maux ensuite. Etc
Samedi dernier, j'ai vécu un moment de partage intense. Celui de deux carnets de voyages qui se rencontraient, se recoupaient, se complétaient. D'où émanaient la force de la passion, la faim d'horizons dépaysants, la soif d'autres us et coutumes.
Une phrase a résonné, fait écho depuis...
- Tu n'en as jamais parlé de ça ?!
Effectivement, il est arrivé un moment où j'ai cessé de vouloir raconter. Dégoût instillé par quelques propos teintés de racisme primaire, acariâtres, empreints de jalousie aussi auxquels j'ai répliqué avec une acidité que je regrette. Car ils ne méritaient pas que je leur donne autant de valeur. Les critiques et moqueries répétées ont eu raison de ma volonté de continuer à parler de "bestioles", de la vie des populations rencontrées. J'ai presque culpabilisé de pouvoir voyager alors que "tant d'autres ne peuvent pas partir" . J'ai été souvent maladroite dans mes commentaires, parce que piquée au vif. C'est assez facile de me faire réagir au quart de tour, c'est une de mes faiblesses. Oups ! C'était une de mes faiblesses.
Cet espace est libre d'accès. On est également libre d'en sortir s'il ne convient pas. Sans obligatoirement le faire avec dénigrement ni sur un ton professoral méprisant qui ne correspond pas avec le profil d'un bon communicant.
Après une sérieuse remise en question, je vais reprendre le cours de ce que j'aime faire et qui n'est pas forcément du goût de tout le monde. Mon optique n'est pas d'imposer ma vision, simplement de faire part de mes observations qui peuvent être débattues, complétées, corrigées. Je n'ai pas la prétention d'être omnisciente. Je ne suis pas une idiote non plus (sourire)
Je n'ai jamais cessé d'observer, de faire souvent des parallèles entre le monde animal et l'humain. C'est comme si je sortais d'une phase d'agueusie. J'ai retrouvé le goût de la métaphore relevée d'un peu de sel. Si possible, pas celui qui nous gonfle . Plutôt celui qui fait gentiment nous gondoler comme une baleine. Euh ... à moins que la bonne explication soit ailleurs. Enfin, vous voyez de quoi je veux parler, hein ?! (oeillade)