Flou suggestif
Ou comment faire croire qu'un réglage foireux était un effet voulu.
Un APN vieillissant bridé à 1600 ISO. Un décor nocturne faiblement éclairé par des lampions posés sur les tables. Un long temps de pose sans support qui favorise le bougé. Des lacunes techniques, une mauvaise appréciation. Une consommation, même modérée, de vin. Voila tous les ingrédients réunis pour un résultat incertain.
Le cliché a failli partir à la corbeille. Au moment de l'y envoyer, j'ai changé subitement d'avis. Je me suis souvenue des conseils de R. : Ne jette que les photos surexpo, très grillées. De toutes les autres que tu juges ratées, il y a moyen d'en tirer quelque chose.
J'ai regardé le cliché comme on jauge un tableau. Je m'en suis éloignée, puis rapprochée. J'ai penché la tête, plissé les yeux.
Ce qui a été déterminant, c'est la comparaison avec un cliché net. Trop net justement. Le mouvement y est figé, ne rend pas. C'est plat. Les contours sont trop précis et ne laissent aucune place à l'imagination. Or, face aux déhanchés et ondulations d'une danseuse orientale, les fantasmes se réveillent. L'esprit divague. Les tressautements du ventre envoûtent le regard qui se pose dessus, les perles scintillantes du costume vaporeux hypnotisent. Le flou retranscrit parfaitement ce flottement, ce laisser-aller au songe.... des mille et une nuits.
En conclusion, j'aime ma photo ....pas aussi moche que je le croyais de prime abord.