Mon automne pas monotone
Ces derniers jours, les blogs ont été illustrés par des feuillages mordorés, tous plus beaux les uns que les autres. Des photos de sous-bois et de vignobles à l'heure automnale. Des couleurs chaudes allant du jaune cuivré au rouge lie-de-vin.
Mon automne pas monotone est coloré aussi. Loin de la grisaille du centre ville. A la campagne, au pied des Cévennes. Dans un écrin de verdure qui a vite retrouvé son charme après les épisodes cévenoles, les crues dévastatrices.
Le crépitement d'un feu de cheminée. Des chataignes qui cuisent dans la braise. Une odeur de soupe s'échappant des fourneaux de la cuisine.
Des souvenirs d'enfance passée dans la campagne bourguignonne remontent à la surface. Le vermicelle en forme d'étoiles ou de lettres d'alphabet, le dessin d'une spirale blanche à la surface du bol de soupe servi par ma grand-mère. Cette crème onctueuse un peu jaunâtre qu'elle fabriquait elle-même après la traite des vaches... je n'ai jamais retrouvé la même saveur. Pas plus que celle des légumes que mon grand-père cultivait dans l'immense jardin du château de Lavault. Rien de bien objectif dans mes dégustations ultérieures, ça et là, j'en conviens. Si mon palais et mes papilles ont été depuis séduits par d'autres produits artisanaux, mon coeur n'a pas éprouvé mes anciennes émotions d'enfant.
Il n'en demeure pas moins que les couleurs et senteurs qui habitent une cuisine à la veille de l'hiver restent identiques à celles de ces années heureuses chez mes grands-parents.
Et si je tends bien l'oreille, il me semble même entendre le bruit des cercles de fonte du poêle que ma grand-mère remet en place après avoir rajouté des bûches dans le foyer. Le bruit des assiettes de faience blanche et des couverts qu'on installe sur la longue table de ferme pour le dîner. Celui de la louche qu'on tourne dans la soupière qui fume. Celui du couteau qui tranche le gros pain à la mie beige. Mon ventre qui gargouille. Le "mmmmmmh" qui s'échappe déja de mes lèvres avant même d'y avoir porté la première cuillerée du breuvage brûlant sur lequel je souffle pour le faire refroidir un peu.
La soupe, ça fleure bon comme une madeleine chez moi.
Le crayon sur l'oreille, la balance Testut, les cageots, les ardoises...
On n'a pas ça au supermarché !
En ville, on nous prend pour des courges.