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La vie, des objectifs
3 octobre 2011

Top départ !

Une quinzaine de minutes avant l'heure convenue, je suis au point de ralliement. Toute seule, alors que la plupart des concurrents déjà présents forment des binômes. Sur l'esplanade, une marée humaine rouge a envahi les marches du Pavillon Populaire. Avec un signe distinctif accroché au cou de chacune des personnes : un appareil photo numérique.

Au point de contrôle, en échange de ma convocation je me vois attribuer un badge portant le numéro 2, un T-shirt rouge, une besace de même couleur avec bouteille d'eau, barre chocolatée, consignes de jeu, formulaires de renonciation au droit à l'image à faire remplir et signer par les personnes que je serais amenée à photographier durant ce marathon particulier.

- Excusez-moi, il est écrit n° 96 sur ma fiche d'inscription.

- Ca a changé. Vous êtes dans l'équipe 2 maintenant.

- Mais je me suis inscrite en individuel. On m'a dit qu'il n'y avait plus de place pour mon mari.

- Vous pouvez être à deux maintenant. D'ailleurs, on va vous donner un badge supplémentaire, un T-shirt et une besace. 

Pas l'envie ni la force d'objecter. Je passe le T-shirt rouge de reconnaissance sur celui que je porte. Je suis trempée de sueur. Le soleil, bien que rasant encore le haut des toits, est déjà chaud.  Je me retrouve chargée comme une mule avant d'avoir débuté. Mon sac à dos avec mes papiers, médicaments indispensables, téléphone, accessoires photo sur les épaules, les grandes besaces estampillées des marques organisatrices portées en bandoulière. 

Je vais m'asseoir sur les marches un peu à l'écart de tous les duos de participants et commence à lire les instructions. Un jeune SDF, errant comme tant d'autres dans le centre ville, ne tarde pas à venir s'installer à côté de moi.

- Hey,  la dame en rouge, tu veux que j'te raconte une histoire !? 

- C'est gentil mais j'ai déjà d' la lecture là.

- Tu m' lis ton histoire alors ?

- ....

- Hey, tu veux pô ?!

- ....

Le zonard se lasse de mon silence, rallume son mégot et part importuner un groupe de jeunes. Je reprends ma lecture. Je vérifie les préréglages de mon APN d'après les consignes qui sont données. Format de compression JPG, carte mémoire vierge, résolution minimum de 5 megapixel.

Une file d'attente s'étire devant le point de contrôle. Je détaille les personnes qui s'y présentent. Je reconnais mon orthophoniste parmi elles, accompagnée d'une jeune femme. Je la savais passionnée de chant et membre d'une chorale. Je ne la connaissais pas férue de photo. Dommage, ça aurait été un sujet de conversation commun lors de nos nombreuses rencontres hebdomadaires. Je suis mi-amusée mi-agacée par les frimeurs qui se pavanent avec leur matos avoisinant les 10.000 euros autour du cou. Je surprends le regard médusé d'un jeune couple qui concourt avec un compact. Je me demande alors si on ne devrait pas tenir compte, pour plus d'équité, des différentes catégories (compact, bridge, hybride, reflex). Même s'il est stipulé que "le Jury accordera une importance moindre à l'aspect technique de la photographie, afin de ne pas privilégier les participants disposant du matériel le plus performant" , il n'en demeure pas moins que les possibilités de zoomer, de faire la mise au point, de prendre en mode rafale, de procéder à des retouches autorisées par le règlement, d'utiliser des effets spéciaux ne sont pas les mêmes pour tout le monde.  

Je trouve également comique de voir les pro-N****  participer à un marathon organisé par le concurrent sur lequel beaucoup crachent en temps normal. C'est un peu comme si quelqu'un qui ne cesse de vanter la mécanique de sa Porsche, concourt dans une course Ferrari qu'il décrie en temps normal. Avec une Ferrari à la clé. Enfin bref, comme je l'ai exprimé chez Pierrot Bâton, je laisse la guéguerre des pro et des anti à d'autres. Je me fiche bien de toutes ces considérations. J'ai un clan, le mien. Pas celui d'untel ni encore moins celui d'une marque.  

Je suis assez étonnée de voir débarquer des jeunes femmes (et des moins jeunes) en mini-jupes et talons hauts en sachant qu'il va falloir se déplacer beaucoup. Personnellement, j'ai mis mes chaussures légères de petite randonnée. Et mes bas de contention sous le vieux jean délavé qui ne craint pas les conséquences de mes contorsions dans la poussière, sur le bitume, au milieu des herbes lorsque je suis en chasse photographique. Certes, je ne profite pas d'un tel rassemblement pour chercher à me caser non plus. Après tout, chacun fait bien comme il veut. J'ai bien l'air d'être fagotée comme l'as de pique avec mes besaces, mes T-shirts superposés, le cheveu en bataille.... Ca a dû tromper le jeune SDF, tiens ! Il a dû penser que j'avais fugué en emportant le max de trucs sur moi. Une sorte de Zézette épouse X.... sans son caddie.  

Devant le Pavillon, un homme en costard fait quelques essais au micro de la station de radio qui s'associe à l'évènement. Dans un coin, on prépare un buffet avec café et petits-fours. Il y a déjà la meute de pique-assiettes prête à se ruer dessus. Si j'étais à la place des hôtesses.... bah non en fait, je me garderais bien de leur taper sur les doigts, pardi ! Parce qu'il est plus important de garder son travail de nos jours, aussi ingrat soit-il.

On nous demande de poser tous ensemble devant l'objectif pour la photo souvenir. Au moment où le photographe appuie sur le déclencheur, la grande bringue devant moi se décale. Bon tant pis, on ne me verra pas !

Quelques crachouillis dans le micro, derniers réglages avant la prise de parole du directeur du magasin organisateur. Je profite de l'attente pour tenter de joindre l'homme, je tombe sur le répondeur de son portable. Il doit être encore en train de dormir. Je laisse un message avec une voix que je ne voudrais pas si désespérée qu'elle n'est. Ce dont je me rends compte après avoir raccroché.

Le directeur entame son speech. Je n'écoute que d'une oreille distraite. Puis, c'est au tour d'un politique local de faire son allocution. Je méclipse discrètement des premiers rangs de l'auditoire et repars téléphoner dans un coin. J'aperçois alors des badauds mûs par la curiosité et qui se demandent certainement qui sont ces "rouges" massés devant le Pavillon Populaire. Des bobos ou.... des cocos ?

Dans le tas, je distingue un collègue que je n'ai pas envie de rencontrer. Je pars m'isoler un peu plus loin mais en faisant attention au moment où sera annoncé le premier thème. Je parviens à joindre l'homme, lui annonce qu'il est déclaré comme mon co-équipier finalement. Ca n'a pas l'air de l'enthousiasmer, il vient de faire une croix sur sa grasse mat' !

Le moment tant attendu arrive (pour d'autres, c'est l'ouverture du buffet). Le premier thème est dévoilé  : Au fil de l'eau. Un binôme espagnol est désemparé, il n'a pas compris. Je traduis comme je peux. Je ne suis pas rosse, j'aurais pu tricher et le mettre sur une fausse piste.

Comme je m'y attendais, tout le monde ou presque fonce sur le buffet. Les hôtesses ont dégainé leurs cafetières fumantes. Alors que c'est la razzia sur les petits-fours, je prends la direction des rives du Lez. D'autres ont visiblement la même idée que moi. Finir au plus vite cette première épreuve pour entamer la deuxième avec un peu d'avance sur le peloton. C'est la stratégie du photographe amateur voulant profiter aussi de la lumière du soleil qui n'est pas encore trop écrasante.

En chemin, je passe chercher l'homme qui a sauté du lit et a sorti l'autre APN, plus performant mais plus encombrant et sophistiqué que celui que j'ai choisi pour concourir. Dans sa précipitation, il oublie mes consignes de réglages. Ses photos ne pourront pas être validées. Comme celle-ci que je trouvais plutôt réussie en comparaison de mes piètres clichés :

3778c

NB : Photo que j'ai signée, en accord avec mon homme qui m'a cédé ses droits d'auteur (sans la moindre menace) pour protéger ici sa véritable identité. On n'allait tout de même pas apposer "L'homme" au bas de la photo ! Quoique... 

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Commentaires
E
petite blague facile au sujet de la photo de l'homme... "les coupables en ont bien profité.. ils ont eu une soirée bien arrosée" ! oui ok c'est nul ! Heureusement, il ne s'agit pas de ma Mare ! Toujours Nickel, j'y veille personnellement ! ;-)<br /> <br /> J'ai beaucoup aimé ton article. Je regrette l'absence d'un photo pour que nous puissions t'admirer dans ta tenue de tograf' La prochaine fois peut être ? <br /> <br /> Coincoins !
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K
La rivière est une véritable déchetterie. On y trouve de tout, même d'authentiques cadavres. :-( <br /> J'espère que ceux qui y pêchent, ne mangent pas les poissons capturés... des suicidaires sans doute, voulant abréger leurs souffrances dans ce cloaque. <br /> Je connais pas mal d'hirondelles (les pique-assiettes jet-set) qui se font des "doggy bags" tout en se pavanant dans des robes haute couture. Elles s'arrangent pour bouffer gratos toute la semaine, en trainant dans les vernissages, expositions, meetings, etc... Des parasites radins ! <br /> Bises à vous 2
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J
Zut, les bouteilles sont vides...Depuis que t'es allé en Irlande t'es a-kro à la biere.<br /> Blague à part j'espère qu'après le passage de tous les photographes il n'y en avait pas plus!<br /> Bizzz<br /> JMB<br /> P.S. Dans toutes les manifs il y a les pilleurs de buffet...Et ce ne sont pas ceux qui n'ont pas les moyens de petit-déjeuner avant de venir !
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K
Une bonne occasion de dénoncer aussi la pollution de la rivière, l'incivisme et l'alcoolisme qui règnent dans cette région.
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P
Ah oui ! C' est la première fois que je trouve des bouteilles de Kro esthétiques ...
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