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La vie, des objectifs
12 septembre 2011

Ma citrouille au rebut

Après douze années de bons et loyaux services, ma citro(ën)uille bleue a pris le chemin de la casse. Jamais une de mes voitures n'a jamais été autant fracturée, visitée, déglinguée que celle-ci. Elle devait passer son check up le mois prochain. Or, je la savais en piteux état parce que je ne l'emmenais plus chez le garagiste. Ma mutuelle d'assurances ne voulait plus prendre en charge les frais de réparation car leur montant dépassait la valeur vénale du véhicule, et parce que c'était la deuxième fois en moins d'un an que je faisais une déclaration de tentative de vol et de dégradations. Ca avait été mon coup de gueule au tribunal, face à mon jeune voleur (mécanicien de formation). Je me sentais doublement "volée". Bien que payant une assurance, je n'étais pas remboursée. La première fois, il m'avait fallu débourser les 200 euros de franchise pour remplacer une portière qui en valait 800.

Quand on m'avait volé la roue de secours et le cric, j'étais allée à la casse chercher une jante et un pneu pour la remplacer. Ca coûtait moins cher que chez le concessionnaire. J'avais juste failli me faire bouffer par les deux molosses du proprio de la casse.

On m'a piqué un nombre incalculable de fois les essuie-glaces et les miroirs de rétroviseurs. Un miroir, c'est 20 euros pièce.

On a squatté dans ma voiture, mangé dedans en laissant les restes gras et salissants sur le velours gris des sièges.

On a arraché des fils, des optiques, des plastiques de protection, des joints de toit (??). On a fouillé, tout retourné. Cassé, bousillé.

Au commissariat, lorsque je venais porter plainte pour la énième fois, on me disait "Vous êtes visée" . Compte tenu de mon ancienne profession, oui, peut être. Par rancune tenace, par vengeance. La police n'excluait pas cette piste. Des inspecteurs me racontaient ce que leurs véhicules personnels subissaient dans leur quartier. Des poubelles renversées sur le capot, des pneus tailladés, des insultes tagguées sur la carrosserie.

C'est vrai qu'auparavant, dans une ville de banlieue parisienne mal famée, on me cassait des seringues dans les pneus. On s'en était rendu compte lors d'une crevaison lente sur autoroute qui aurait pu avoir des conséquences graves en cas d'éclatement à haute vitesse. Là, il s'était avéré par la suite, en retrouvant les auteurs, que mon ancienne profession était à l'origine de ce type d'em..rdes.

Mais la cause la plus probable c'est que ma voiture a servi pendant ces dernières années à fournir des pièces détachées, tout simplement. C'est souvent le cas pour les petites voitures françaises. Si j'avais été aussi malhonnête que tous ceux qui m'ont volée, je serais allée me servir sur des voitures de même modèle et même marque. L'idée, je l'avoue, m'a effleurée quand j'étais très en colère et que j'en avais marre de mettre la main au portefeuille. Seulement, je n'ai pas été éduquée pour appliquer la loi du Talion. Les autres possesseurs de Citro(ën)uille n'étant, de surcroît, pas responsables des actes de personnes malveillantes.

Ma colère était décuplée quand je constatais que ma voiture était, quasiment à chaque fois, la seule vandalisée. Les grosses berlines et luxueux coupés de mes voisins de parking d'immeuble étaient épargnés. Réaction totalement stupide de ma part. Ca aurait changé quoi qu'il y ait eu d'autres victimes ?! Ca ne m'aurait en aucun cas consolée des soucis à règler, des démarches à effectuer encore et encore. Sur un jour de congés pris hors planning, des heures de travail à récupérer, à mes frais.

J'avais fait part de cette constatation aux policiers qui avaient reçu ma dernière plainte. Telle avait été leur réponse :

Sur les grosses voitures, y a des alarmes, des systèmes de sécurité plus sophistiqués. Ils ne les cassent pas celles-là. Ils les volent sur commande pour les envoyer et revendre à l'étranger, pour commettre des braquages avec. Leurs voleurs ne jouent pas dans la même cour que ceux qui cassent votre bagnole.   

Eh bien voila, je m'en suis séparée de ma bagnole. Au début, je m'en faisais un plaisir. J'avais le sentiment qu'on m'en avait en quelque sorte dépossédée. Presque écoeurée. Je ne m'en occupais plus, je n'en faisais plus l'entretien, je ne la lavais plus. Je ne la consuisais que rarement depuis quelques mois.

Mais, c'est con, j'ai eu un pincement au coeur quand je l'ai laissée chez le concessionnaire. Son moteur était encore bon, nerveux. Le garagiste m'avait dit "Elle peut encore faire 70.000 bornes" ....J'ai fait le calcul mentalement. 10.000 km par an environ.... 7 ans !.... comme 7 ans de malheur ???

Les pragmatiques diront "Mais c'est que de la tôle après tout. Juste un moyen de locomation pour aller d'un point A au point B."

Certes, mais un bien qu'on n'achète pas au prix d'une baguette de pain et tous les 4 matins. C'est un investissement de changer de voiture, surtout en temps de crise, quand l'avenir professionnel est parfois incertain. Certes, je pouvais me payer ce que certains qualifient de luxe dans la conjoncture actuelle.

J'ai jeté un dernier regard humide vers ma Citro(ën)uille. Parce que, subitement, me revenaient en mémoire tous les bons moments passés à la conduire, pour partir en week end, en vacances, en virée. Me revenaient tous les services rendus par ma guimbarde lors de déménagements, déplacements professionnels, rendez-vous réguliers et obligatoires à l'hôpital spécialisé et lointain.

Je me souvenue aussi, que c'est justement à la sortie de cet hôpital un bel après-midi d'été, que j'avais envisagé de mourir à cause d'un avenir assombri par les mauvais et pessimistes résultats d'un examen médical. Là, entre les deux essieux du poids lourd qui me doublait sur l'autoroute. Moment de déraison, d'égarement, de profonde détresse. Une fraction de seconde. C'est le temps qu'il m'avait fallu pour retrouver la lucidité et la force de combattre. C'est le temps qu'il avait fallu à ma Citro(ën)uille pour reprendre la trajectoire initiale, obéissant à mon coup de volant in extrémis.

Quelles histoires m'attendent avec la nouvelle que je n'ai pas pu encore conduire ?

Ce n'est pas la voiture que j'avais choisie au départ. Exit Audi que j'avais déjà eue par le passé, la PGO et autres belles carossées ! Il a fallu feuilleter d'autres catalogues, regarder d'autres modèles et marques, prospecter auprès de plusieurs vendeurs de voitures. 

Et puis, un jour, j'ai vu ce modèle couleur henné...

OPhenne

Mon homme lui se voyait plus au volant de la vert sauterelle...

OPvet

Voire avec des bandes blanches sur le capot....

OPvertsaut

C'est le carnet de commandes qui a fini par nous mettre d'accord. Impossible d'attendre cinq mois pour la livraison. Quoi de plus neutre et commun que le gris ? Pardon, gris.... mais ETOILE ! Ah ben, ça change tout ! Demandez donc à Fille Bavarde qui croit aux fées !

La bouteille de champagne offerte par le concessionnaire, on va la boire quand j'aurai moins "le tournis de  meunière". On va quand même pas la casser sur le capot en guise de baptême !  Je me vois bien débarquer chez l'assureur et lui demander de prendre en charge les frais de carosserie et de peinture après !  

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Commentaires
K
Parfois j'aimerais avoir plus de recul, pas toi ? Ce qui ne ferait pas de nous des monstres pour autant ;-)<br /> <br /> Je découvre au fil des jours que mon ancienne voiture était vraiment à la traine au niveau technologie. Et confort ! :-) <br /> Bonne soirée à toi aussi.
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K
Mais elle dort au garage comme l'autre qui n'y était pas si en sécurité que ça.<br /> Pas de déménagement prévu dans l'immédiat, à moins que...
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E
Je m'attache aussi aux voitures ! comme je m'attache aux gens, c'est drôle. J'espère que tu seras très contente. Tout a évolué dedans, la conduite est plus facile. Tu vas te régaler. Bonne soirée.
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A
Superbe ligne, racée !<br /> J'espère que tu seras plus tranquille avec cette voiture sinon, il te reste à trouver un garage ou à déménager !! :)
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K
Il y a des voitures avec lesquelles il arrive toujours quelque chose. On ne sait pas pourquoi, c'est ainsi. <br /> C'est quand même fort de ne pas voir une voiture même si elle est beige ! Madora a dû avoir le même bol que moi, celui de ne pas tomber sur des lumières :-)
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