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La vie, des objectifs
8 juillet 2010

Négocier le virage

P1060630En période de Tour de France, pouvais-je trouver meilleure métaphore ?

A trop être la tête dans le guidon, on ne mesure pas toujours les risques que l'on prend. On grimace et geint quand le corps devient douloureux mais on ne freine pas l'allure. On ne pense qu'à atteindre l'objectif fixé, celui de finir sur le podium, et à récolter les bravos et les primes. Le médecin met en garde mais l'écoute-t-on vraiment ? On avale des cachets, inhale un spray, boit du sirop. On se dope. Et c'est reparti pour un tour ! On n'envisage ni la casse mécanique, ni la chute possible à tout instant. On a qu'une obsession, celle de ne pas abandonner. De ne pas finir dans le placard à balais la voiture balai.

On mouille le maillot. On ne veut pas laisser tomber l'équipe, décevoir les gens. C'est pas le moment de dérailler, de mettre pied à terre. On cache les fêlures, les marques de faiblesse. On simule la grande forme. Stupidement, on passe même à la vitesse supérieure. On se met dans le rouge. 

On alterne les hauts et les bas, comme sur des montagnes russes. On se laisse griser par la vitesse, faisant fi de l'équilibre qui peut devenir précaire. Le vent caresse le visage, balaie les traces d'effort. On s'en enivre comme d'un rosé bien frais, sans modération. En réalité, avec les médocs prescrits, on est en état de cuite chimique. On a les neurones au ras du bitume.

Puis vient le jour où, devant une étape plus difficile que d'autres, le mental lâche. C'est alors le renoncement au pied de la montagne qui nous attend. La bravoure fait soudain défaut. Les encouragements pour se remettre en selle sont vains. On ne pense qu'à redescendre dans la vallée de la facilité. En roue libre. C'est le laisser-aller total.

Les engagements pris jusqu'alors ne tiennent plus. On en a ras la casquette.  On se sent aussi utile qu'une gourde... vide. Raplapla comme un boyau crevé. On envoie tout valser. On disjoncte. Les gens se disent en coulisses qu'on a un petit vélo dans la tête. 

On pense sérieusement à raccrocher pour de bon. On pédale un peu dans la choucroute. On envisage une reconversion. On se demande comment bien négocier le virage sans déraper. Pas question de sauter pour autant sur les freins. Il faut garder un peu d'élan pour la sortie du virage. L'important étant de ne pas se rétamer. De ne pas se prendre une méchante gamelle qui réduirait à néant tous les jeunes espoirs de remonter cette satanée pente après la courbe.

Pas question de se la jouer contre la montre, n'importe comment. Sans reconnaissance du terrain d'abord, sans évaluer auparavant les chances de réussite.

Mais l'heure est avant tout à la (p)réparation physique et mentale qui prendra le temps qu'il faudra.

Tant pis si je déçois de ne pas avoir la carrure d'un champion, de ne plus être dans la course. Je laisse les médailles et titres à d'autres plus robustes et valeureux. Les fleurs et les hommages, je ne les veux pas plus sur la première marche du podium ... que sur ma pierre tombale !

Et tant pis si je passe pour un cadre (de vélo) tout rouillé, encombrant, inutile et bon pour la casse ! Après tout, un vieux biclou, ça se recycle, non ?!   

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Commentaires
M
Pour que "tout" roule, il faut avant tout pédaler à son rythme et ne pas hésiter à emprunter des chemins de traverse et même parfois à se reposer sur le bas-côté...
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D
Effectivement les cas se multiplient, le problème se généralise et je pense que c'est tout le monde du travail qui va vers une impasse (à plus d'un titre d'ailleurs !). <br /> <br /> Remettre au lendemain, hum, ne m'en parle pas... Le manque d'énergie pour en sortir est terrible, on se sent vraiment grenouille à moitié cuite comme dans la parabole. Et en attendant, on se met la pression et on somatise. <br /> <br /> <br /> <br /> Et puis parfois, paradoxalement, même si je rejette ce système écœurant, l'envie d'y arriver malgré tout, puisque d'autres y parviennent ! Est-ce vraiment trop dur ou suis-je une petite nature ? La conclusion devrait théoriquement être la même, tu me diras... sauf que...<br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai pas encore trouvé un cap qui serait susceptible de me plaire et de me sortir de cette ornière. J'espère que lorsque j'aurai trouvé ma voie j'aurai le courage nécessaire pour la suivre même s'il en résulte moins de confort ! Je n'ai pas des goûts de luxe mais j'avoue que j'aimerais avoir la sécurité d'un terrier à mon nom. <br /> <br /> <br /> <br /> Et toi, où en es-tu dans le processus ? As-tu trouvé une porte de sortie viable et plaisante ? :)
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D
Ta métaphore me parle énormément par rapport au boulot... l'impression de jouer à l'équilibriste et parfois je me demande qu'est-ce qui lâchera en premier, et quand. Pas envie de faire une "sortie de route" mais bien envie de sortir de cette route quand même, une échappée belle pour trouver un petit chemin plus à mon goût... Pas si facile, faut se (p)réparer d'abord comme tu le dis. L'itinéraire n'est plus balisé une fois qu'on quitte le parcours. Je t'envoie de chaleureux encouragements pour sortir du rouge, négocier ton virage, ta (p)réparation et ta reconversion !
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M
l'important est de ne pas pédaler dans la choucroute.<br /> <br /> bonne semaine<br /> <br /> moune
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M
prends ton temps ksénia, vis ta vie doucement, ce n'est pas une compétition, chacun va à son rythme.<br /> Le plus important c'est de participer et d'être heureux.<br /> ne pas essayer d'imiter....<br /> <br /> Bon dimanche
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