La guerre des chromes
Avec le soleil revenu...
Les gros cubes aux chromes rutilants sortent des garages où ils ont passé l'hiver, remisés sous une bâche à l'abri de la poussière ...des traces de doigts et des rayures. Ils ont droit tout de même au shampooing lustrant et aux caresses de la peau de chamois sur leurs courbes élégantes et racées. Pas question de sortir sans une mise en beauté pour les belles au guidon desquelles parade la gent masculine tatouée et un brin macho.
Les gros bras "kiki-tout-dur" les enfourchent le temps du week end et partent frimer sur le bord de mer. Sur les routes, ils se saluent entre eux d'un hochement de tête casque ou d'un signe de la main gauche quand ils se croisent, ou du pied droit quand ils se doublent. Mais attention ! Il ne s'agit pas de saluer tout le monde et n'importe qui. Le prétentieux 1400 cm3 ignore la plupart du temps le petit 125. Quant aux autres deux roues, appelés scooters.... Hahahaha ! MDR ! (Moto de Rigolo). La Harley snobe la japonaise en ronronnant de contentement "Potatoe potatoe potatoe". Seule l'anglaise est tolérée... mais pas trop. L'italienne s'en fiche, elle lui met un gros vent, poignée en coin. La bonne grosse teutonne, elle, continue sa route sans se soucier de ces guerres de clans. Sa réputation n'en souffrira pas.
Les kakous ont oublié durant l'hiver qu'ils n'ont pas le monopole du bitume et pestent d'un coup de klaxon ou d'un doigt rageur (voire d'un coup de botte au bout ferré dans la portière) contre les automobilistes qui n'ont pas repéré les gros yeux jaunes de leur engin dans le rétroviseur et qui ne daignent pas se pousser sur la droite. Ils se font prendre en photo par les boîtes à images rivées sur le bord de route en brandissant le V de la victoire et en rigolant sous leurs casques. Par contre, ils se la jouent moins fiérote quand il y a un risque de se faire photographier de dos.
En marge de cette faune, il en existe une autre. Celle de motards respectueux des autres usagers de la route. Peu importent la marque et la catégorie des véhicules. Ils portent casque sur la tête et non passé au coude, gants et blousons même par temps de canicule. Ils aiment cette sensation de liberté sans oublier la notion de danger. Ils pratiquent la conduite été comme hiver, avec toutes les précautions enseignées pendant l'apprentissage. Quand ils ont envie d'être grisés par la vitesse, ils se retrouvent sur l'anneau d'un circuit adapté. Ils ne cherchent pas à épater leurs passagers, ils sont au contraire soucieux de leur sécurité et confort.
Signé : Une femme de motard
Mon motard :