Mais pourquoi moi ?!

Au cours d'une hospitalisation dans un hôpital parisien (que je crève d'envie de citer ...mais non ! laissons tomber ! ) ....j'ai été oubliée dans un recoin des dédales souterrains du centre hospitalier.

Je suis restée, bloquée dans mon fauteuil roulant (dont je n'arrivais pas à desserrer le frein !) ....2 heures avant que quelqu'un du service s'aperçoive de mon absence prolongée et inexplicable.

Mais reprenons au début !

Victime d'une cellulite (pas la peau d'orange ! non ! mais d'une grave infection en raison d'un vilain staphylocoque dans une plaie ouverte ....parce qu'une infirmière avait éternué dessus alors qu'elle faisait le pansement. ) à un pied opéré ....d'un cancer (je suis cumularde), j'ai été hospitalisée d'urgence pour surveillance et administration en perfusion d'antibiotiques combinés (à ce niveau, c'est des bombes à neutron, je peux vous l'assurer)

Le 2ème jour, un brancardier vient me chercher dans un fauteuil roulant avec un pied pour la perf'. On doit me faire un contrôle radio et écho pour éliminer une atteinte osseuse.

Docile, souriante, plaisantant ("c'est vous qui m'emmènerez pour l'amputation du pied aussi ? oh ben j'aurais pu tomber sur un brancardier plus moche ! etc etc ..." ) je m'installe dans l'engin à roulettes, mon dossier médical sur les genoux pour les radiologues et....roulez jeunesse ! (enfin bon ! ...35 balais au compteur)

Je ne vous apprendrai pas que, hospitalisé ou en RDV extérieur....on doit faire la queue avant son tour ! les rdv exterieurs dans la salle d'attente, les hospitalisés dans le couloir....en plein courant d'air....les fesses à l'air, souvent. (j'ai perdu toute notion de pudeur à l'hosto)

Le brancardier, bien évidemment, n'attend pas. Il repart à d'autres brancardages.

Je passe les exams au bout de ....je sais pas mais c'est l'heure de la fermeture....au secrétariat de la radio, y a plus personne.

Le radiologue appelle le service où je suis hospitalisée pour qu'on vienne me rechercher.

Au bout d'un quart d'heure, un antillais nonchalant arrive en maugréant....normalement , "il a fini son service"...."là, il fait des heures sup."...oui, ben moi aussi, j'aimerais mieux être chez moi, mon gars !

Le voila qui me pousse en traînassant des pieds. On repasse par les sous-sols avec des lignes colorées dessinées au sol. Je trouve incongru que la rouge mène à la chambre mortuaire, mais bon....

V'la t'y pas qu'on croise un autre convoi sur roulettes...un lit apparemment difficile à manier seul .... conduit par un autre antillais....mais vachement plus jovial que le mien, lui ! il se fend la poire chaque fois que le lit atterit dans le mur.

Mon antillais décide d'aider son pote des îles. Et là....je ne le reverrai pas !

Et je ne revois personne d'autre passer. Mon brancardier m'a mise dans un coin pour que je ne gêne pas le passage. Je suis reléguée vers les gros extincteurs rouges dans un renfoncement.

Au bout d'un moment, je m'affole car je vois mon sang remonter dans le tuyau plastique de ma perf'....le flacon qui se balance au dessus de ma tête, est vide ! De ma main gauche, je ferme le robinet de la tubulure. Je prie intérieurement que ma veine perfusée ne se bouche pas. Je guette avec la panique de tous perfusés....les petites bulles d'air.

"Y a quelqu'un ? Hey Hooooooooo ?!"

C'est seulement 2 heures plus tard, lors du changement de soignants du soir, qu'on s'apercevra de mon absence et que je serai délivrée.

Les jours qui suivirent et qui virent ma guérison poindre....l'équipe médicale se mit en quatre pour rendre le reste de mon hospitalisation la plus agréable ...et la moins traumatisante possible.

Note de l'auteur : je n'ai absolument rien contre les Antillais !....du moment qu'ils ne me laissent pas croupir dans un coin... dans un long et ennuyeux face à face avec des extincteurs pas très loquaces....et pas très loin d'une morgue, de surcroît